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Non ! Les chanteurs étrangers ne font pas l’image de l’Algérie

L’image d’un pays est un concept très vaste, selon la largeur des composants qui la forment. S’agissant avant tout d’une perception interne et externe, elle se construit sur tout ce qui donne une perception négative ou positive, quelle que soit sa source ou sa véracité. Dans cet article, nous allons délibérément éviter le terme « Marque » car nous ne sommes pas convaincus de l’existence d’une marque « Algérie », dans l’absolu. Toutefois nous verrons que certaines nuances s’imposent.

Nous partirons du postulat que tous les pays du monde ne sont pas forcément des marques. Est considéré comme une marque le pays dont l’évocation apporte une valeur ajoutée au produit proposé, dans un sens extensif qui inclue l’intangible comme les services. En ce qui concerne l’Algérie, nous préférons le terme « image » qui renvoie à la perception et aux idées convoquées consciemment ou inconsciemment au niveau mental, ce qui inclue bien sûr le bon et le moins bon.

L’image de l’Algérie, la responsabilité de tous les algériens

Pour ce qui est de l’image interne, il y a dans notre pays un degré de négativité ambiante très élevé :

– Nous dénigrons en permanence tout ce qui est algérien, au point où même lorsque nous sommes obligés d’admettre un aspect positif, c’est toujours dans la logique du « oui mais… » ;

– La presse algérienne, en général, se consacre à mettre en avant le négatif, en oubliant sa mission d’encouragement et de valorisation des efforts constructifs. Pourtant, nous avons besoin d’une forte motivation interne ;

– Il y a quelques années, un quotidien affichait avec fierté le fait que Mme Zahra Drif ait tenu tête au tristement célèbre BHL ! Le fait qu’un algérien tienne tête ou concurrence un étranger, quel que soit son rang, ne doit en aucun cas être considéré comme un exploit !

– Nous devons en finir avec la fâcheuse habitude de parler en mal de notre pays, arrêtons de laver notre linge, pas si sal que ça, en public ; nous sommes les ambassadeurs de notre pays, ne trahissons pas notre mission ;

– Beaucoup de fabricants préfèrent ne pas mentionner le « Made in Algeria » sur leurs produits, pour ne pas faire fuir le consommateur algérien !

Oui, notre image de nous-mêmes n’est pas radieuse.

Il y a aussi l’image externe dont les vecteurs sont difficilement nombrables : les médias, les touristes, le sport, les réseaux sociaux, les produits exportés, les universités, les classements et notations, le cinéma, la culture, les hommes politiques, les paysages naturels, les contributions et les découvertes scientifiques, la diaspora…bref tout ce qui contribue à associer une idée avec un stimulus en rapport avec l’Algérie.

Ce qu’il faut retenir d’une manière générale, c’est que les vecteurs de l’image de notre pays ne sont pas tous sous le contrôle des algériens. Dans le monde des perceptions, toutes les sources ont un impact sur les différents publics (internes et externes), il faut donc composer avec les rumeurs, les mensonges, les productions audiovisuelles, les classements qui ne nous honorent pas…il faut cesser de s’en plaindre, accepter leur existence et tenter de les surmonter. A titre d’exemple, nous citerons un pays dont la marque est estimée à plus de 300 milliards € : la France. C’est un pays au passé souillé par un nazisme bien à lui et entaché par un présent mouvementé de lois discriminatoires contre les musulmans, de positions pro-sionistes, de scandales médiatiques de tous genres, de racisme multiformes…et pourtant la marque France demeure l’une des plus attrayantes au monde, notamment envers ses victimes d’hier et d’aujourd’hui !

Et tous ces festivals de la chanson ?

Cette question doit être traitée sous différents angles. Vu les vecteurs et les dimensions que nous avons abordés plus haut, l’aspect culturel (réduit ou non aux chanteurs) ne constitue qu’un maillon parmi d’autres ; nous ne pouvons pas imaginer l’image d’un pays se construire sur les chanteurs étrangers qui s’y produisent ! Sur un autre plan, nous constatons bien qu’à chaque venue d’un chanteur, généreusement rémunéré, les algériens font savoir leur mécontentement quant à la gestion des ressources financières par les responsables algériens (heureusement que les freins commencent à être tirés). De plus, la plupart des chanteurs étrangers nous viennent des pays arabes. Donc la meilleure des couvertures médiatiques ne touchera que les publics arabes, est-ce notre objectif que de restreindre le positionnement de notre image uniquement vis-à-vis d’eux ?

Comment alors expliquer cette croyance concernant « les vertus des fêtes sur l’image de l’Algérie » ? A notre humble avis, l’explication se trouve dans la décennie noire : premièrement, l’Algérie n’était citée dans les médias étrangers, y compris les médias arabes, qu’à travers les massacres et le terrorisme (c’est pour cela que nos champions, comme Morsli et Boulmerka, avaient joué un rôle important) ; deuxièmement, l’organisation d’une fête était un véritable défi sécuritaire pour l’état algérien ; d’ailleurs, l’organisation de l’Euro 2016 a été capitalisée de la même manière par la France. Mais avec notre affirmation que nous avons quasiment vaincu le terrorisme (ce qui est vrai), nous ne pouvons plus nous appuyer sur les manifestations culturelles pour promouvoir notre image.

Conclusion

Notre image doit être construite en fonction de nos besoins et objectifs présents, ce qui était valable hier ne l’est pas forcement aujourd’hui. L’image doit être envisagée selon les parties prenantes : ce qui est apprécié par un public X ne l’est pas toujours par un public Y. Elle doit aussi être pensée selon ses différents objets : par exemple, nous pouvons être appréciés pour le tourisme et pas pour l’environnement d’investissement.

Nous avons besoin d’une lucidité globale sur nos forces et faiblesses. Elle engendrera le cap que nous suivrons pour vivre pleinement nos valeurs, notre culture et notre réussite.

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