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L’honnêteté chez les entreprises algériennes, la compétence de demain?

Contrairement aux idées reçues, une crise ne découle pas forcément d’un événement négatif. Il peut y avoir des événements positifs, pour des raisons endogènes ou exogènes, qui engendrent des crises plus destructrices que celles causées par des événements négatifs. Pensez aux victoires de certains partis religieux dans les pays arabes et tous les malheurs qu’elles leur ont apportés, où encore à la crise de l’été 1962 en Algérie !

Notre article aborde la problématique suivante : tous les algériens rêvent d’un environnement sain pour les entreprises, que se passera-t-il si ce rêve venait à se réaliser ?

Comment le positif engendre le négatif ?

Avant d’entrer dans le sujet qui concerne l’Algérie, expliquons comment un événement positif et parfois même recherché par l’organisation, peut-il causer une crise :

La réussite d’une organisation est atteinte lorsqu’elle parvient à s’adapter voire à dominer son environnement ; elle met en place un système qui répond aux exigences de la situation et qui garantit les résultats escomptés, pourvu que l’environnement ne connaisse pas de changements majeurs.

Les stratèges en management préconisent la définition de « Variables Pivots » ; c’est-à-dire des variables sur lesquelles l’organisation va changer son orientation, dès qu’elles seront (les variables) touchées par un changement significatif. Les variables pivots sont les piliers de la stratégie ; si elles sont atteintes elles imposent une adaptation de l’organisation, faute de quoi celle-ci se trouvera en une situation de crise. Certains changements dans l’environnement n’engendrent pas de crise car ils affectent des aspects non-décisifs pour la stratégie de l’organisation.

Pour illustrer notre propos, rappelons-nous la suppression du crédit à la consommation en Algérie ; elle a causé la disparition ou la reconversion de plusieurs entreprises. Leur business model était basé sur la vente par facilité de payement. Il s’agissait donc d’une variable pivot de la plus haute importance et qui a été affectée par un changement dans l’environnement juridico-financier.

Et si les choses changeaient en Algérie ?

Si la corruption disparaissait, si le clientélisme n’intervenait plus dans l’octroi des marchés, si la performance devenait le seul critère, si la compétence et l’expertise devenaient des leviers importants…voilà des événements sacrément positifs…mais que se passerait-il ensuite ?

Pour répondre à cette question revenons à notre petite définition de la crise : elle survient lorsque le fonctionnement habituel de l’organisation n’est plus compatible avec l’environnement. En considérant que les entreprises qui réussissent actuellement se sont adaptées à l’environnement économique algérien, d’une manière honnête ou pas, le retour vers un marché sain aura des conséquences pour elles. Elles devront changer leur manière de faire.

Les malhonnêtes auront toutes les chances de continuer à exister, simplement parce qu’ils ont eu le temps de former leurs équipes, de construire une image de marque et se constituer des fonds importants. Leurs entreprises auront donc les capacités de s’adapter ; à condition qu’elles se transforment en devenant honnêtes. Cependant, de nouvelles contraintes devront être gérées comme les concurrents qu’on ne disqualifiera plus injustement, les cahiers de charge qui ne seront plus taillés sur mesure, les défaillances qui ne pourront plus être dissimulées…bref les entreprises dont les variables pivots reposent sur des garanties de ce type seront en crise à moins de changer.

Les autres entreprises qui se sont construites dans le respect de la loi et des valeurs morales, pourront renforcer leurs positions et laisser exploser leurs potentiels. Mais cela ne sera pas forcément facile ; elles aussi devront s’adapter à des paramètres comme la possible augmentation de la demande, des exigences de qualité pas faciles à satisfaire (quand on a été durant très longtemps écarté, on finit par perdre le savoir-faire), une concurrence qui possède de meilleures ressources de tout type…Bref, il ne faut pas s’imaginer qu’un changement dans l’environnement rendra systématiquement justice aux entreprises honnêtes, il s’agira d’une simple reconfiguration qui profitera à celui qui la comprendra et s’y adaptera.

Conclusion

Finalement, vous penserez peut-être qu’il s’agit d’un article basé sur une utopie ou une hypothèse difficile à concrétiser. Ça se peut, mais rappelez-vous que la crise se gère par l’anticipation et l’anticipation se fait entre autres par la préparation de différents scénarios. Par ailleurs, l’honnêteté est une compétence que les entreprises n’apprennent pas facilement, certaines disparaitront avant d’avoir opéré ce changement culturel.

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