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Ooredoo / Zidane, oui mais…

Dès son lancement  en Algérie Ooredoo (Nedjma à l’époque), a su attirer un public jeune, porté sur les nouvelles technologies et surtout passionné de football. Avant le sponsoring de l’équipe nationale algérienne, le choix de Zinedine Zidane comme porte-parole a, selon moi, pesé d’une manière durablement  positive sur l’image de marque de Nedjma. Qui ne se rappelle pas de la campagne “N’habha ou n’hab li habha” (je l’aime et j’aime celui qui l’aime)?

Depuis la première fois, Zidane a été associé à quelques campagnes bien pensées sur le plan stratégique. je ne peux pas dire autant de la dernière campagne qui, à mon humble avis, n’a pas les moyens d’exploiter tout le potentiel de la star mondiale.

Pour comprendre le succès des précédentes campagnes, il faut cerner le contexte de l’époque (2006): le meilleur joueur au monde est d’origine algérienne. Les algériens hésitent à afficher leur fierté car la star n’avait jamais eu de geste significatif envers eux. C’est alors que Nedjma construit un pont entre Zizou est son public, ça s’est fait à travers une campagne mémorable où le joueur embrasse le maillot de l’EN en plus de prononcer un mot ou deux en dialecte algérien . A partir de là, Zidane effectue plusieurs visites en Algérie et affiche régulièrement son soutien à son pays d’origine, à travers notamment des spots publicitaires.

Il est délicat de faire appel à un porte-parole vivant ailleurs (tout le monde le sait), pour recommander un produit d’ici, surtout si ce dernier ne se consomme généralement qu’à l’intérieur des frontières, c’est le cas des offres téléphoniques. Dans un cas pareil, le plus prudent est d’associer la star à des messages qui renforcent l’image de la marque et non à des produits qu’elle ne risque pas d’utiliser (c’est techniquement et financièrement impossible).

Les messages autour du soutien de l’Algérie ont très bien fonctionné par le passé, mais je ne suis pas sûr qu’un Zidane invitant les algériens à le suivre dans un monde que lui même n’adopte vraisemblablement pas, soit crédible.

Sur un autre plan, il faut noter la rivalité (stupide je le concède) Réal Madrid – FCB, que les jeunes algériens nourrissent jusqu’au chauvinisme. Cette rivalité ne risquait pas de peser lorsque Zidane s’affichait comme la star qui soutient son pays d’origine. Maintenant qu’il promeut une offre commerciale, les perceptions risquent de changer. Il est même possible que sa propre image en soit affectée.

Il convient donc de rappeler, tel que je l’ai fait ici et ici, que la démarche de s’associer à un porte-parole même de grand prestige, ne doit pas être envisagée comme une fin en soi. C’est une démarche stratégique nécessitant une réflexion du même ordre.