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La sensibilisation contre le Covid-19 a atteint ses limites

La sensibilisation sur l’épidémie du Covid-19 est une question centrale, dans la lutte et la réduction de ce fléau qui n’a pas fini de déstabiliser le monde. Malgré tout ce qui se dit, la manière la plus efficace de nous préserver est le respect des règles de prévention. Nous constatons tous, non sans regrets, que de nombreux algériens continuent à négliger la menace, pourtant si pesante sur notre pays !

J’écris cet article pour tenter d’expliquer pourquoi cette disparité, et afin d’essayer d’attirer l’attention sur certains leviers, qui pourraient donner un nouveau souffle à la communication autour du Covid-19.

J’avais tenté dans un récent passé de sensibiliser « ceux qui sensibilisent » (entre autres à travers El Watan et TSA), sur le fait que le public algérien ne devrait pas être considéré comme un seul bloc, vers lequel on peut communiquer un seul message, à travers les mêmes canaux et dans les mêmes formes. La raison en est évidente : si la segmentation et avant elle la compréhension des publics sont optimisées, les autorités (sanitaires surtout) découvriraient que les algériens s’informent différemment, sont sensibles à des messages et des formes spécifiques à chaque segment socioculturel…et qu’ils sont plus ou moins enclins à réagir de la bonne manière.

Il serait utile ici d’emprunter un principe important au domaine du marketing. Il s’agit du public naturel. Dans le domaine commercial, le processus marketing se construit pour satisfaire un public précis, dont il faut considérer les besoins, les désirs, les motivations, les freins, les capacités à adopter l’action favorable au produit…etc. A partir de là, l’entreprise va proposer une offre qui correspond parfaitement (ou presque) à la situation du public. Puisque tel est le cas, ce dernier sera plus facile à convaincre. Il adoptera facilement l’action et coutera moins d’efforts et de temps de communication. Dans le domaine social, donc de la sensibilisation, il n’est pas possible d’agir sur le « produit » c’est-à-dire le comportement social que l’on veut obtenir. Pour la simple raison que celui-ci s’impose de lui-même, c’est une exigence dictée par la réalité et par l’intérêt général. Comment alors définir le public naturel d’une cause sociale ?

Le critère fondamental à considérer est la facilité à faire adopter un comportement. Cette facilité s’explique par différents facteurs : le niveau d’instruction et de compréhension, la sensibilité aux causes sociales, l’empathie, le sens de la responsabilité, les habitudes d’exposition à l’information, les moyens de communication accessibles, la situation familiale…etc. Généralement, les gens possédant des degrés élevés par rapport à ces critères, réagissent à la simple information. Une fois cette catégorie satisfaite, il faut passer à un autre palier de personnes qui ont beaucoup de points en commun avec le premier groupe social. Cependant, ils ont besoin d’une communication plus adaptée à leur situation. Ça peut s’agir d’une motivation à faire actionner, d’un frein à éliminer, d’une fausse idée à corriger…etc. Ces deux premières catégories devraient constituer le public naturel qu’on cherche à mobiliser pour une cause sociale. Oui j’ai bien dit mobiliser, car le public naturel doit jouer son rôle social dans son entourage.

Une fois le public naturel convaincu et mobilisé, il faut s’intéresser aux autres publics selon différents niveaux de difficultés. Plus on monte dans les paliers et plus il sera difficile de convaincre. C’est pourquoi l’étude et la compréhension des cibles deviennent de plus en plus importantes.

Les leaders d’opinion doivent jouer leur rôle. Il faut partir du principe que chaque catégorie sociale écoutera une catégorie de personnes différentes. Les leaders d’opinion doivent être encouragés et mobilisés à leur tour, la plupart ne bougeront pas suffisamment car ils ne sont pas conscients du devoir qui leur incombe. Par exemple, la fermeture des mosquées était nécessaire, mais elle a occasionné une rupture de communication avec une large partie de la société algérienne. Il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui n’écoutent et qui ne suivent que leurs imams. C’est pourquoi il est nécessaire de les mobiliser dans le travail de proximité. Cet exemple peut être extrapolé notamment sur les universités, les associations…

A un certain moment chaque cause atteint son niveau de saturation, c’est-à-dire le niveau où l’on prêche uniquement pour les convertis. Il faut garder à l’esprit qu’il existe des gens qui n’écoutent aucun message, quelle que soit sa source et son canal. C’est là où la sanction doit intervenir pour réguler les comportements. C’est un peu le message humoristique* porté par l’image en illustration, largement diffusée par des citoyens conscients des enjeux.

 

(*) Si la “pierre” sanitaire ne fonctionne pas nous auront recours à la pierre naturelle (le mot pierre s’écrit en arabe de la même façon que le mot confinement).