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Guerre préventive : des étiquettes pour tout le monde !

Comme le disait Michel Colon, « coller une étiquette à quelqu’un, permet de ne pas discuter ce qu’il a à dire ». Les étiquettes marquent l’actualité des dernières semaines. Elles menacent les objectifs du grand mouvement populaire algérien. Dans ces conditions, tout leadership est menacé d’être rejeté, ce qui risque d’engendrer une spirale de changements qui finiront par essouffler la volonté du peuple.

Même si la révolution pacifique, que l’Algérie connait depuis le 22 février dernier, ne se mène pas sous la direction de personnes ou d’organisations désignées, cela n’empêche pas qu’elle soit orientée et balisée. Semaine après semaine, des conseils et des mises en garde sont lancés par des intellectuels, des Hommes politiques et des relayeurs d’informations de tous types. La substance de ces messages constitue clairement une matière pour la pensée collective, exprimée dans la rue.

A ce stade, des attaques sont orchestrées contre toutes les figures qui émergent, et celles qui montrent un potentiel fédérateur. Nous sommes dans une étape où beaucoup de gens ne considèrent pas que le leadership est nécessaire. Même si on peut être d’accord ou pas avec cette vision, je ne pense pas qu’il existe une personne saine d’esprit qui penserait que le leadership rejeté aujourd’hui le restera demain. Mais demain il ne faudra pas regretter d’avoir entaché tout le monde !

Evidemment, il ne s’agit nullement de défendre ceux ayant trahi leur pays, ni d’accueillir imprudemment ceux qui ont contribué à le détruire. Il s’agit par contre d’être juste dans les jugements portés sur les personnes.

Les réseaux sociaux jouent, comme tout le monde le sait, un rôle prépondérant dans la révolution populaire. C’est aujourd’hui le principal espace de discussion et, il faut le dire, de toutes les manipulations. Il faut garder à l’esprit que les réseaux sociaux imposent un mode de communication particulier : l’individu y « consomme » un flux d’informations « inhumain ». Cette consommation oblige le cerveau à s’adapter et à changer ses habitudes. Plus question de s’attarder sur des contenus profonds et qui exigent un temps de consultation et de réflexion. Nous sommes à l’ère de l’éphémère où les jugements se prennent très rapidement : est-ce que j’accrédite l’information ou non ? Est-ce que je commente ou non ? Est-ce que je partage ou non ? Si je partage, quel commentaire vais-je ajouter ? Nous passons notre journée à prendre ce genre de décisions. Le hic c’est qu’il ne s’agit pas de la meilleure manière de considérer des sujets sérieux. Il en résulte qu’une étiquette lancée par n’importe quel manipulateur peut très vite devenir virale et porter atteinte à une personnalité dont l’Algérie aura peut-être besoin dans un avenir proche.

La solution face à cette situation est simple : il faut être vigilant, prendre du recul et se donner le temps de vérifier la crédibilité du message et du messager. La sensibilité de l’étape actuelle impose à chacun de nous de jouer un rôle dans la protection d’une élite algérienne, honnête et dévouée à la patrie. Celui qui gouvernera l’Algérie aura besoin de garder toute sa capacité à motiver et à inspirer, ne la détruisons pas aujourd’hui.