Quand l’auteur d’une application a mentionné dans les CGU (conditions générales d’utilisation), qu’en acceptant de la télécharger, l’utilisateur lui cédait son enfant, il constatât que 95% des gens avaient accepté cette condition absurde. Ils n’avaient donc pas lu sur quoi ils allaient s’engager…rassurez-vous il s’agissait uniquement d’un test et aucun enfant n’a été enlevé à ses parents…
Techniquement ces utilisateurs sont fautifs : on n’accepte pas des conditions sans même les avoir consultées et comprises. Mais le sont-ils vraiment quand on sait que la consultation des CGU est souvent une véritable corvée : textes compliqués et trop longs, textes rédigés dans un langage hermétique, informations dispersées et accessibles via une multitude d’hyperliens, textes rédigés dans des langues étrangères… tout cela sous le rythme effréné propre au monde digital. En fait nous nous sentons tous pris au piège. Nous savons très bien ce que nous risquons, notamment à cause du non-respect de notre vie privée, mais en même temps nous ne voyons aucune alternative. Lorsqu’un réseau social vous demande d’accepter des CGU où il est mentionné qu’il se réserve le droit de les changer à tout moment, n’est-ce pas un chèque à blanc que vous lui signez ?
La logique de tout contrat est basée sur le consentement des deux parties. C’est derrière ce principe que les détenteurs de médias sociaux et d’applications, se cachent pour nous extorquer notre vie. Mais vu les paramètres cités plus haut nous pouvons affirmer que nous sommes devant des pratiques toutes aussi légales qu’injustes. Que faire alors ?
La solution à ce problème dépend avant tout de la conscience et de la volonté des états à protéger leurs citoyens, et à préserver leur souveraineté numérique. Une fois que cette volonté existera, il faudra la concrétiser par une coopération internationale, pourquoi pas dans le cadre de l’ONU ? L’objectif d’une telle action serait d’amener les géants du web à se conformer à un système universel qui prend en considération le comportement de l’internaute. Autrement dit, chaque utilisateur doit pouvoir cerner les enjeux des CGU sans avoir à les lire. Comment ? En catégorisant les types d’applications et de sites sur la base de leurs conditions et politiques quant à la vie privée des utilisateurs.
Par exemple, on classerait en rouge les CGU où il est mentionné que les informations personnelles peuvent être vendues ou utilisées à des fins publicitaires. Les CGU, dont les auteurs se réservent le droit de changer les conditions, sont à classer dans la même catégorie. Graduellement, on pourrait classer les sites et applications selon leur degré de respect de la vie privée. Évidemment, il faudrait par la suite contraindre tous les acteurs à afficher un symbole, une mention ou une couleur pour distinguer leur catégorie. Il suffirait finalement d’informer les utilisateurs du sens des distinctions. Ce qui est intéressant dans cette approche c’est que ces catégories vont jouer un rôle de labélisation : être classé rouge est un facteur négatif pour l’image, ce qui obligera certains à se remettre en cause.
Il est possible de mettre fin à la tyrannie des géants du web. Il suffit de le vouloir, il suffit d’en rêver. Car le fait d’en rêver nous mènera surement au jour où des actions concrètes seront entreprises.