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Relations presse en Algérie : ça ne peut pas continuer comme ça !

Les relations presse font partie des fonctions qui ont pris un très mauvais départ en Algérie. Cette fonction hautement stratégique s’est construite au fil des années sur des fondements dégradants pour les journalistes et trompeurs pour les citoyens. A tel point qu’on la résume presque aux événements, déjeuners, goodies et autres avantages…

Après une vingtaine d’années de relations presse en Algérie, le bilan est très décevant : des organisations totalement incapables d’être intéressantes et des médias qui ne cherchent plus à être intéressés.

Dans une phase de l’Histoire où tous les types d’organisations souffrent d’un manque de crédibilité et d’un déficit de confiance qui ont atteint des seuils critiques, il est étonnant de voir que beaucoup d’entre elles ne s’interrogent plus sur les manières d’intéresser leurs propres publics.

De l’autre côté, celui des médias, ceux dont l’existence est littéralement menacée par l’avènement des sources d’informations numériques, il est décevant de les voir oublier leur rôle et de courir derrière un Buzz aussi immoral qu’inutile.

Quelle est l’utilité du Buzz ?

Lorsqu’on regarde les modèles économiques de la grande majorité des médias algériens, on constate que leur survie dépend principalement du financement publicitaire. C’est d’ailleurs pour cela que tout média exclu de la publicité publique ou privée rencontre d’énormes difficultés. Il est alors légitime de se demander pourquoi des médias algériens courent aveuglément derrière le Buzz ? Autrement dit, qu’est ce que le Buzz peut apporter aux médias ?

Tout Buzz apporte forcément de la notoriété. C’est le chemin le plus court pour se faire connaitre. Mais pour les médias algériens, il se construit le plus souvent au détriment de l’image et de la réputation. C’est bien d’être connu, encore faut-il l’être positivement. La question que devraient donc se poser les propriétaires des médias c’est : devrais-je continuer à détériorer l’image de mon média pour une notoriété qu’il possède déjà ? La réponse est évidente pour toute personne sensée.

L’autre problème concernant le Buzz, c’est qu’il est impossible à monnayer : quand un média vend ses espaces publicitaires, c’est sur la base des chiffres qu’il réalise par son activité principale. Car sur la toile, le public peut être touché à travers de multiples canaux et les médias classiques ne possèdent pas beaucoup de leviers pour y être concurrentiels.

Et les organisations ne font pas mieux !

La présence numérique de la majorité des organisations algériennes est très pauvre en sens. Une grande confusion entre les fins et les moyens règne en maitresse absolue ! Quand l’organisation occupe les réseaux sociaux juste parce que c’est « nécessaire », cela produit un contenu et des conversations vides de sens, ne satisfaisant aucun besoin chez le public.

Ainsi, certaines organisations désactivent carrément les commentaires sur leurs publications, d’autres se contentent de jouer le rôle des agences de presse en rapportant des informations déjà présentes dans tous les médias, d’autres encore noient leurs publics par des détails tellement rebutants que même leurs propres employés ne les consultent pas. Enfin, d’autres se plaisent à publier des « Joumou3a Moubaraka » (souhait d’un vendredi béni, alors qu’il l’est de facto !) et des « bon weekend »…

Un gisement inépuisable : l’intérêt du public

Les organisations et les médias algériens n’arrivent que rarement à tirer profit de la révolution numérique. En se prosternant devant un dieu imaginaire appelé « WEB », ils ont tourné le dos à leurs publics et s’embourbent de plus en plus dans des logiques trompeuses faites de nombres de « j’aime » et autres indicateurs déconnectés de la réalité stratégique.

Mais il est possible de former une boucle vertueuse qui profitera à toutes les parties concernées : le public, l’organisation et les médias. Pour ça il faudra que l’organisation algérienne se recentre sur les intérêts de son public et qu’elle recherche vraiment à jouer un rôle positif au sein de la collectivité. Autrement dit, la responsabilité sociétale doit devenir une réalité, car de toute manière c’est une question de survie.

De leur côté, les médias devront se préoccuper, enfin, de ce qui intéresse le public et ce qui contribue à l’évolution positive au profit de la société. Au lieu de reprendre indécemment des communiqués de presse sans aucune modification (C’est une pratique qui nuit à tout le monde : le média parait incompétent car il est censé traiter le communiqué et non le publier machinalement. L’organisation donne l’impression qu’elle achète ou contrôle les journalistes. Et le public, est privé de son droit à une information honnête), et au lieu de courir derrière un Buzz souvent inutile.

Enfin, le public bénéficiera de son droit à une information utile et honnête et se trouvera placé au cœur du travail des organisations et des médias.

L’avènement des TIC a bouleversé la vie des organisations et des médias. S’ils veulent survivre et réussir, ils doivent se positionner sur des leviers qui leur sont propres voire exclusifs. Ils ne doivent jamais oublier que leurs réussites passent par leurs publics et non par des facteurs qu’ils n’arrivent ni à justifier ni à monnayer.