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L’arme du charlatan : « la théorie ce n‘est pas comme la pratique ! »

Faites le test vous-mêmes : parlez à n’importe quel bricoleur, n’importe quel amateur, n’importe quel escroc, des normes qu’ils doivent respecter dans leur travail, ils vous répondront le plus souvent par la phrase, « la théorie ce n’est pas comme la pratique ».

Que veulent-ils dire ? Ils veulent dire que les normes et principes que vous exigez ne correspondent pas à ce qui se passe sur le « terrain », une autre réplique qu’ils adorent sortir à tout bout de champ. Certes, les choses sur le terrain algérien se produisent rarement selon ce qu’elles devraient être. Cependant, accepter de nous plier à leur dictat relève non seulement de la lâcheté et de la paresse les plus évidentes, mais nous condamne au statut quo et à la reproduction éternelle de nos modèles managériaux foireux.

Il est regrettable que les normes de développement d’un domaine comme la communication, et bien d’autres, viennent souvent de l’étranger. Pour la simple raison que dans ce pays la quasi-totalité des chercheurs et des professionnels ne travaillent pas. Ils ne produisent aucune théorie et ne font preuve d’aucun savoir- faire. Pire, ils ont trouvé des moyens intelligents pour être payés sans fournir le moindre effort.

Devant une telle situation, les gens honnêtes sont obligés de se tourner vers les sources étrangères pour s’informer sur les règles et leviers de développement, dans l’espoir d’apporter un peu de compétence et d’efficacité dans leur entourage professionnel ou académique.  Ces connaissances « importées » ont été pensées selon des réalités autres que les nôtres, et peuvent sembler, pour certains, inapplicables.

Il est grand temps de comprendre que nous n’avons pas le choix. Pour progresser nous devons soit produire nos propres connaissances, mais dans ce cas nous ne pouvons pas revenir des siècles en arrière, soit profiter de ce que les autres civilisations ont à partager, afin de l’adapter à notre réalité.

En pratique, lorsque je me retrouve en face d’une personne qui me sort la phrase « la théorie ce n’est pas comme la pratique », je procède en deux étapes : premièrement je lui demande si elle a une raison de rejeter mon approche, d’un point de vue purement théorique. Souvent les justifications qui suivent sont plus stupides que le postulat de départ. Deuxièmement, et lorsqu’elle échoue à nier le bienfondé de ma « théorie », j’exige qu’elle me présente, elle qui a une pensée pratique, les éléments pratiques qui font que ma « théorie » ne puisse pas s’appliquer au terrain algérien. Avec la réponse à la deuxième question, nous obtenons soit une adhésion à l’approche de départ, soit une plateforme sur laquelle nous pouvons construire notre modèle à nous. Vous avez vu ? Ce n’était pas si compliqué.

Mais continuer à arnaquer les gens en restant loin des savoir-faire qui ont fait leurs preuves ailleurs, n’est plus acceptable. Notre terrain doit être perçu comme une réalité à changer, pas comme une fatalité devant laquelle toutes les normes doivent s’écraser.