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Un expert ? Pourquoi faire ?

Dans la société moderne où la forme prime sur le fond, l’auto-attribution des titres est devenue l’une des caractéristiques du marché du consulting, notamment dans les domaines stratégiques comme la communication, le marketing, le management, le digital…Nous vivons une véritable anarchie ; ce qui a réduit la crédibilité de beaucoup de métiers. Le titre d’expert a été vidé de sa substance et rares sont les managers capables de discerner les bons des mauvais, au grand dam des vrais consultants.

En l’absence d’organismes aux missions d’encadrement, de certification, d’orientation…le champ est cédé à l’auto-proclamation. Celle-ci est surtout favorisée par l’espace numérique offrant une tribune à tous les charlatans, et au manque de rigueur chez beaucoup de journalistes : ils ne mesurent pas la gravité de présenter au public algérien, des gens incultes comme étant des experts.

Le débat sur ce thème est très délicat. La grande difficulté réside dans l’impossibilité de trouver un consensus autour d’une définition commune, et qui gagnerait l’adhésion de la sphère managériale. Nous ne nous lancerons pas donc dans une tentative de trancher ce débat.

Mais nous pouvons toujours regarder le sujet d’un angle fonctionnel, en nous concentrant sur les objectifs recherchés auprès des experts. D’une manière générale, lorsqu’on fait appel à un expert on attend de lui une amélioration de la performance. Alors posons-nous la question : comment un expert peut-il améliorer la performance d’une organisation ? Une réflexion sur cette question nous mène vers plusieurs pistes :

– l’expert possède une meilleure visibilité sur le marché, il peut en conséquence nous aider à prendre des décisions en connaissance de cause ;

– l’expert possède une expérience concluante (et pas une ancienneté) sur un domaine que nous voulons conquérir ;

– l’expert nous apporte un regard distant et objectif sur notre stratégie ;

– l’expert est quelqu’un qui réfléchit au sens propre du mot, et quelqu’un qui réfléchit doit inévitablement produire (quels sont les produits de son expertise ?) ;

– l’expert possède une capacité d’analyse qui nous empêche de plonger au premier faux signal ;

– l’expert nous offre un avantage sur notre concurrence. Oui mais quel avantage et comment ?

– l’expert ne nous aide pas seulement à obtenir des résultats positifs, il nous permet d’atteindre notre plein potentiel ;

– lorsqu’il est formateur l’expert sait nous apprendre à voler de nos ailes, il essaye de nous mettre aux dernières normes ;

– l’expert nous fait gagner du temps et nous évite des erreurs.

La liste reste ouverte, mais elle ne comportera surement pas l’omniprésence sur les plateaux télévisés en l’absence de toute pertinence, elle ne comportera pas la recommandation par un autre charlatan (car un mouvement de reconnaissances mutuelles est observé en Algérie), elle ne comportera pas des certifications « bidon » qu’on obtient en quelques heures sur internet de manière gratuite…

Au final, nous pouvons être nostalgique du temps où les médias faisaient leur devoir de filtrage. Et même du temps où nos ancêtres recevait « El Idjaza », une accréditation qu’un expert accordait à l’apprenant ; et sans laquelle il ne pouvait se prétendre aucun titre.