Com & Web 2.0

SILA 2018 : comme chaque année, une affiche pas comme les autres

Comme à chaque année, l’affiche du salon international du livre d’Alger (SILA) suscite des commentaires et des critiques plus ou moins négatifs. Les critères d’évaluation se concentrent le plus souvent sur les aspects esthétiques et d’originalité, c’est normal puisque l’être humain se rabat toujours sur ce qu’il possède d’immanent ou d’instinctif pour apprécier ce qu’il ne maitrise ou ne connait pas.

Certes la forme d’un message publicitaire est très importante, mais la beauté et l’originalité doivent être mises au service du message et pas le contraire. Evidemment la laideur est repoussante ce qui nous amène à la nécessité d’une qualité professionnelle dans la conception de la publicité.  Et concernant ce critère je considère que l’affiche est d’une qualité professionnelle moyenne surtout pour les contrastes qui n’optimisent pas la lisibilité. Mais je pense que le problème avec les affiches du SILA se situe ailleurs.

En effet, une affiche publicitaire ne se regarde pas comme une œuvre artistique, pour laquelle les aspects plastiques et esthétiques suffisent à une évaluation juste. L’affiche publicitaire est un aboutissement, du moins elle est censée l’être, d’une réflexion stratégique et logistique.

La communication du SILA souffre, à mon sens, de deux grandes faiblesses :

L’absence totale d’un style, d’un fil conducteur d’une année à l’autre :

Or le style est indispensable pour capitaliser sur ses efforts à travers les années. Démarrer éternellement de « zéro » n’est ni rentable, ni pratique.

Regardez les affiches des huit dernières années, presque aucune ne ressemble à une autre. Elles ne partagent même pas une typographie commune !

L’autre faiblesse est l’éternel renouvellement du slogan du salon. Je précise tout de suite que, fondamentalement, c’est un choix qui peut être intéressant mais à la condition que le slogan événementiel (car c’est ce qu’il est) soit un catalyseur et un fédérateur des activités du salon. Par exemple, le slogan de 2016 « Le livre, totale connexion » aurait dû induire plus d’intérêt pour les NTIC à travers les conférences et même les ouvrages, à condition que les participants soient informés suffisamment en amont.

De l’autre côté, le SILA est devenu une grande institution avec un budget appréciable (même s’il a été réduit cette année) et une notoriété considérable à travers le monde. Il serait donc grand temps d’envisager sa rentabilité. Elle passe par une stratégie de communication efficace et par des services de plus grande qualité. En gros il faudrait considérer deux publics à satisfaire les exposants, ceux-ci seront prêts à payer plus s’ils perçoivent une plus grande opportunité d’image et de vente, et les visiteurs pour qui l’expérience du SILA doit être rendue plus agréable et plus pratique. Le SILA doit donc passer à une autre étape où il affirmerait un positionnement durable (à travers une signature durable) qui reflète ses objectifs et ses valeurs.

Malgré toutes les critiques qu’on destine au Salon International du Livre d’Alger, il demeure l’un des événements les plus importants et les plus utiles…du coup personne ne voudrait le voir disparaître et, j’imagine, tout le monde voudrait le voir s’améliorer d’une année à l’autre.