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L’infographie : rappels importants

De nos jours, toutes les conditions sont réunies pour la prolifération des infographies. Le développement des outils de traitement informatique continue depuis 1979. Il est couronné par l’arrivée d’outils gratuits en ligne. La réalisation d’une infographie est plus que jamais facilitée, même pour un public sans connaissances techniques majeures. Le souci est que certains usages vident l’infographie de sa substance, l’éloignant de sa raison d’être…

Le terme infographie trouve son origine dans le monde de la presse. En 1982, un journal totalement consacré à l’information visuelle, le USA Today, est né ; apportant ainsi un bouleversement majeur dans le monde de la presse. L’efficacité de la communication visuelle de l’information n’est plus à démontrer, pour peu qu’elle soit utilisée de la bonne façon et dans le bon contexte.

Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de rappeler les deux modes de raisonnement chez l’être humain : le raisonnement synthétique (synchronique) et le raisonnement analytique (linéaire). Le premier nous permet de percevoir et de comprendre l’espace qui nous entoure avec ses détails, ses différences, ses formes…des éléments tangibles qui nous livrent une information instantanée liée à nos sens. Tandis que le second nous permet de construire une compréhension prolongée dans le temps, c‘est l’analyse qui permet de relier des notions abstraites. L’image est la meilleure façon de transmettre un raisonnement synthétique et les mots existent surtout pour transmettre l’analytique.

L’infographie possède la capacité de faire basculer de l’analytique vers le synthétique, des mots vers l’image et par conséquent de l’information abstraite et compliquée vers l’information visuelle et instantanée. C’est là que réside tout son intérêt. Mais beaucoup d’infographies que nous voyons au quotidien sur le web ne font pas profiter le public, elles ne l’aident pas à facilement comprendre une information compliquée à la base. Le rôle de l’infographie n’est ni de résumer, ni d’éliminer le superflu pour garder des informations essentielles, ces tâches peuvent très bien être assurées par les mots. La croyance qu’on obtiendrait une infographie en résumant ou en réduisant une information abstraite, produit tout simplement un autre texte abstrait avec une mise en page élaborée.

D’une manière générale, l’efficacité d’une infographie est atteinte par trois aspects :

  • Rendre simple : ça consiste à mettre en avant les relations d’ensemble et non les détails. Exemple : nous n’avons pas besoin de mettre les photos des employés lorsqu’on veut informer sur leurs positions hiérarchiques ;
  • Comparer pour remarquer : la compréhension d’un message visuel est facilitée par l’introduction d’une référence de comparaison, mais il faut aussi préciser sur quel critère elle se fera. Exemple : en plaçant deux voitures de marques différentes, il faut préciser sur quelle qualité on veut les comparer : vitesse, sécurité, prix… ;
  • Ordonner pour mémoriser : l’être humain a besoin d’établir l’ordre. Lorsque celui-ci n’est pas perceptible, il a besoin de le créer autour de conventions. Exemple : l’ordre chronologique ou alphabétique dans les cas les plus basiques. Mais cet ordre peut être beaucoup plus compliqué et pertinent comme lorsqu’on illustre le rapport entre la situation économique et politique durant une période déterminée.

En fait, l’infographie, lorsqu’elle respecte les principes de la graphique (une science fondée par Jacques Bertin), ne fait pas que reprendre l’information existante. Elle permet de faire apparaitre une information qu’il nous était impossible de percevoir pour sa nature spatiale. Exemple : si vous disposez d’un tableau de chiffres sur plusieurs années, il n’y a qu’un graphique pour vous faire percevoir les tendances qui en résultent.

Il ne nous revient pas de juger les usages du terme « infographie » sur le web, il peut être en train de s’engraisser pour exprimer différentes réalités. Mais nous avons voulu attirer l’attention sur une utilisation plus judicieuse d’un outil des plus précieux pour les managers et les faiseurs d’informations. Enfin, nous ne pouvons que recommander la consultation des travaux de Jacques Bertin.

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