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Le capital de sympathie comme explication à l’ambivalence du public

La moindre forme de naturalisation avec l’entité sioniste est très mal perçue par le public algérien. Il y a quelques mois l’opérateur téléphonique Djezzy vérifiait, à ses dépens, cette règle ; lorsque l’un de ses actionnaires importants fut accusé de soutenir les crimes contre les palestiniens. Paradoxalement, ce même public voue une passion pathologique au FC Barcelone, le club qui affiche ouvertement son soutien au gouvernement sioniste.

Certains auront, peut-être, le réflexe d’accuser le public algérien de pratiquer le deux poids deux mesures. Le jugement est peut-être vrai mais ne peut être que trop simple.

Il est avéré que la subjectivité chez l’individu joue un grand rôle dans ses prises de positions. Mais la question est de savoir quelle est l’origine de cette subjectivité ? Qu’est ce qui fait que le public soit intransigeant envers une organisation qu’on soupçonne, tout en étant indulgent avec une autre qu’on accable de preuves (comme la photo et la vidéo illustrant cet article) ?

Le concept « capital de sympathie » est incontournable pour expliquer l’attitude du public. Il se définit comme « un sentiment d’appréciation partagé par les membres d’une communauté donnée (employés d’une organisation, citoyens d’une ville, etc.) qui résulte des efforts soutenus et à long terme d’une organisation pour bâtir et entretenir des relations de confiance avec ses publics internes et externes. Ce sentiment d’appréciation – voire de complicité – peut aider une organisation à mieux manœuvrer face à ses concurrents et à traverser des périodes difficiles et même des crises. » [Source] Même si effectivement, l’organisation au grand capital de sympathie peut mieux résister aux attaques, il ne faut pas oublier que tout capital est sujet aux fluctuations.

Sur un autre plan, un capital de sympathie est un bouclier très fragile, on ne sait jamais à quel moment va-t-il s’évanouir. C’est parce qu’il se rapporte à la dualité émotion/raison chez l’être humain. Autrement dit, il confère à l’organisation qui commet des erreurs, la possibilité d’avoir le bénéfice du doute, tant qu’elle arrive à maintenir un certain flou ou que les médias détournent les yeux, du moins partiellement.

L’individu qui s’attache émotionnellement à une organisation comme le FCB, fait face à des freins d’ordre psychologique, puisqu’il se trouve dans une véritable relation sentimentale. Il est aussi freiné par des contraintes sociales ; lui qui, depuis des années, alimente une guerre de commentaires sur les réseaux sociaux, se vante des victoires de son club préféré devant ses amis, achète des vêtements officiels payés au prix fort et dont il devra se débarrasser, affiche son appartenance par sa propre identité (en incluant le FCB à son pseudonyme ou surnom). C’est pour cela qu’il lui faut une porte de sortie. Celle-ci peut être un simple mensonge à soi du genre « l’information n’est pas vérifiée », ou une attitude de généralisation du genre « si on creuse bien tout le monde est coupable ». Ce genre de mensonge peut tenir un certain temps mais ne résiste pas à une argumentation solide ni à une médiatisation étendue.

Retenons pour conclure que le capital de sympathie ne connait pas de stabilité : soit on travaille pour le maintenir et l’augmenter, soit on le consomme à travers des polémiques et des crises qui l’effritent jusqu’à sa disparition.